Comment décririez-vous la place du CAC dans l’économie ?
On a toujours été complémentaire au métier d’Expert-Comptable. Ce sont deux fonctions bien distinctes. Du point de vue du chef d’entreprise, il arrive qu’il y ait une impression de redite entre ces deux professions.
Avec la loi PACTE, les règles ont changé avec notamment le relèvement des seuils, ce qui a réduit notre champ d’intervention. Désormais c’est à nous de montrer ce que l’on peut apporter comme plus-value pour développer de nouvelles missions.
Qu’est-ce qui mériterait d’être plus visible dans le métier de CAC ?
Notre grande valeur force est le détachement et la prise de recul sur la vision de l’entreprise. On a cette capacité de pouvoir évaluer les forces et les faiblesses d’une entité. C’est notre rôle d’avoir une vue large et de réussir à synthétiser.
Dans l’objectif de la vente d’une entreprise par exemple, nous raisonnons dans le cadre d’une la certification des états financiers par le commissaire aux comptes ce qui apporte un facteur confiance inégalable pour les acquéreurs. Pour le vendeur, l’appréciation de son contrôle interne par son commissaire aux comptes peut l’aider à améliorer certains process et ainsi à valoriser au mieux son entreprise. Bref nous avons une vision moins comptable des sujets que l’Expert-Comptable.
Comment vous vous adaptez depuis la mise en application de la loi PACTE ?
Cela s’est fait au fil de l’eau. D’abord on a fait un constat : nous allons perdre des clients, des dossiers.
Il ne faut pas oublier que deux ans avant, on a eu la réforme des grandes régions où il y a eu des fusions, avec des sièges absorbés par Bordeaux notamment, donc là aussi une perte d’activité. C’est une double sanction d’un point de vue économique pour les cabinets.
Quand on perd des mandats, ça déstabilise les équipes en place au sein des cabinets, on peut perdre des compétences, rendre moins attractif le métier. C’est ce qui est le plus dommageable. On a besoin d’avoir assez de « matières » ou de sujets à porter pour rendre intéressant le métier. Pour de petits cabinets ça peut être décourageant et pousser certains commissaires aux comptes à arrêter leur activité.
Aujourd’hui, on est contraint d’intervenir autrement, et notamment de façon plus régulière. Il y a plusieurs moments dans l’année où on peut dérouler notre mission pour qu’elle soit mieux appréhendée par le client et donc nourrir une relation de confiance plus étroite. C’est le point de départ pour faire mieux comprendre notre métier, donner envie au chef d’entreprise de nous confier plus de missions et stimuler par voie de conséquence nos équipes.
Comment appréhendez-vous le numérique ?
Le numérique est synonyme de changement : au niveau de l’organisation de l’entreprise (client comme cabinet) ; au niveau des erreurs, fraudes (process défaillant, accès aux logiciels, détournement d’actifs).
Nous ne sommes pas spécialistes dans l’informatique mais nous sommes capables d’appréhender le sujet, de questionner les responsables au sein de l’entreprise, les amener à organiser des choses autour de sa protection numérique.